Premier Chapitre - JUSTE UN PRETEXTE POUR POUVOIR COMMENCER

Quelque part, il est nécessaire de bien débuter lorsque l'on raconte une histoire aussi compliquée et aventureuse que celle des Championnats du Monde de rink-hockey.

Le voyage dans le temps qui se terminera à la 30ème édition, commence en 1936. C'est l'année des Olympiades de Berlin et des quatre médailles d'or de Jesse Owens. Sur la hampe du palais des sports de Stuttgart flotte le drapeau à croix gammée du régime nazi. Sur le vieux continent le rink-hockey est une discipline déjà affirmée dans les pays du nord, en Angleterre, en Italie. Depuis six ans les Portugais se sont montrés en haut de la scène internationale, aussi sont-ils destinés (Porto'91) à devenir les authentiques maîtres de la discipline avec douze succès en trente éditions dont onze pendant les vingt-quatre premières; maîtrise validée par l'attribution du Trophée Juan Antonio Samaranch.

Freddy Renckewitz, premier président de la FIRS

Il manque encore l'Espagne qui déchirée par la guerre civile, attendra 1947 pour entrer en scène, rendant visite à son voisin rival, à Lisbonne.

A Stuttgart, du 1 au 5 avril 1936, sept formations nationales se présentent (Angleterre, Italie, Portugal, Suisse, Allemagne, France et Belgique dans l'ordre du classement final) qui s'affrontent selon la formule du tournoi à l'italienne. Le hockey n'est déjà plus seulement une affaire européenne : depuis quelques mois, l'Egypte est aussi inscrit à la fédération internationale et elle sera suivie par le Canada , la Nouvelle Zélande , les Etats-Unis d'Amérique et l'Australie. Mais le déplacement en Europe est coûteux et périlleux , c'est pourquoi de mondial , les Championnats de Stuttgart n'ont que l'étiquette. Pour voir représenter au moins trois continents il faudra attendre 1954.

A Barcelone, l'Egypte arrive treizième mais la vraie nouveauté vient de l'Amérique du Sud, avec l'Urugay onzième et le Chili neuvième. Vingt-sept ans plus tard ce sera précisément au Chili d'accueillir l'édition record des Championnats avec dix-sept nations venues des cinq continents.

La cérémonie inaugurale d'une très vieille Coupe des Nations

Si la compagnie dirigé par "Guaton" Frohmann aboutit en Catalogne après une aventureuse traversée de l'océan (financée avec une collecte), en 1980 à Santiago du Chili tout le monde atterrit en avion. Les temps changent. Fernando Adriao , premier gardien de la sélection portugaise dans les années trente , se rappelle dans une interview de 1970 pour le journal "Comércio do Funchal" : « Nous sommes partis pour la traversée grâce à un emprunt d'argent , sans savoir comment nous allions affronter le retour. Mon équipement était vétuste et ancien : des patins à la mauvaise pointure , des gants de football , des petites jambières de criquet. »

Et Antoni Adao de raconter à la fin des années quarante dans "O Mundo Desportivo" : « Nous avons voyagé en troisième classe avec une odeur de poule bouillie , de poisson frit et de sardine en boite. Nous étions arrivés en Suisse après 72 heures de train à 10 heures du matin pour entrer en piste à 3 heures de l'après-midi du même jour. »

Sacrifice qui pour les portugais durera jusqu'en 1947. Il suffira d'une victoire brillante pour obtenir les privilèges, les attentions et l'argent. Le succès de la sélection nationale (quatre fois consécutivement jusqu'en 1950) touchera aussi le gouvernement de Salazar. Les temps changent , si des choses s'améliorent, d'autres se détériorent. Comme l'esprit des pionniers , qui définitivement (et inévitablement) s'égare dans le hall des grands hôtels et sur les chèques , les zéros se multiplient. Si pour les portugais, l'Europe peut se perdre parce que l'on ne dort pas et l'on ne mange pas à l'heure que l'on a décidé (Lodi'90) , pour les espagnols et les italiens, on fait faillite parce que dans les chambres, il manque l'air conditionné et que sur la piste, cela glisse trop (Porto'91).

Luigino Kullman (né en 1916) , unique survivant de la formation italienne des mondiaux de 1936) ne se reconnaît plus en ce hockey : « Depuis que les joueurs ont commencé à être payé régulièrement et à devenir d'authentiques professionnels , ils ne sont plus dans le match. Il n'y a plus de sensation , on ne voit rien de ce qui à l'époque constituait le charme de ce sport dur, spectaculaire, chevaleresque. »

Alors pour trouver un point de départ tournons nous vers 1924. Pendant qu'au stade de Colombes à Paris, se disputent les Olympiades, dans les salons du Casino de la localité suisse de Montreux, sur le lac Léman, les représentants de quatre nations (outre la Suisse, on trouve la France, l'Angleterre et l'Allemagne) donnent vie à la Fédération Internationale de Roller-Skating. Premier historiquement à en être le président, le suisse Freddy Renckewitz, est assisté par le secrétaire Otto Mayer. Nous partons de là pour trouver un prétexte à cet ouvrage : 70 ans de Rink-hockey dans le monde, chiffre rond, lequel justifie la célébration d'un anniversaire, occasion toujours propice pour pouvoir, sans présomption, faire de l'"histoire". Avec quelques justes prémices "préhistoriques".

Deuxième Chapitre - UN NOM MYSTERIEUX ET DE NOMBREUSES HYPOTHESES