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Troisième Chapitre - PIONNIERS SUR LES PATINS - INTUITIONS ET INCIDENTS Si le hockey prend sa source dans les traditions du jeu tribal des cultures extra-européennes, le patin, qui caractérise le hockey sur roulettes, appartient pleinement à l'histoire du continent européen. Repérer un "point zéro" pour le patin, une date de référence est difficile. Il n'existe toutefois aucun doute sur le fait que les premières tentatives d'ajouter des roulettes aux patins à glace remonte au XVIII siècle.
Au delà du problème irrésolu des "deux Garcin", il est assuré que en 1733 ce fut le hollandais Hans Brinker qui construit un modèle de patins avec roues en métal en ligne, sur demande du grand propriétaire belge Joseph Lundser. Le brevet Brinker fut toutefois bien vite oublier, à cause de nombreuses imperfections techniques. Un pas en avant dans l'histoire du patin arrive dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, grâce à l'intuition d'un constructeur belge d'instruments de musique qui réalise une roue métallique qui, mise à part le matériau, présente une forte analogie avec les roues modernes. Sur l'identité de cet innovateur, il existe, comme d'habitude une double version, et sans grande possibilité d'accréditer l'une ou l'autre avec le plus de foi : selon Raul Cartaxo Abrantes, le personnage en question se nomme Merlin, et a produit sa première paire de patins en 1750. JE TORNER ("Mi aportacion al hockey sobre patines") déplace la date de l'introduction de ce modèle dix ans plus tard, vers 1760 et en attribue la paternité à Joseph Merlin, qui pour commercialiser le brevet se déplace à Londres pour trouver des finances pour un projet qui contribua de manière déterminante à la propagande du patin outre-Manche. En 1790, la tentative du français Louis Van Lede va au contraire, au devant d'un fiasco colossale. A cette période, les patins sont encore extrêmement rigides, avec peu de liberté de mouvement. Démarrer et prendre de la vitesse est relativement simple, au moins pour celui qui a un sens raisonnable de l'équilibre : tourner, changer de direction et s'arrêter est une autre affaire, c'est compliqué voir même dangereux. Comme autre principal inconvénient, on note l'usure de la piste, irrémédiablement griffé par les roues métalliques. Au début du XIXème siècle, les Suisses, français et les anglais tentent de perfectionner la construction des patins, mais avec une issue peu convaincante. Pour arriver à un tournant, il faut attendre 1852 et les patins "révolutionnaires" imaginé par le Breton Legrand avec des roues disposés en losange, au lieu du rectangle sur la plante du pied. Quelques-uns cependant dépoussièrent le modèle Garcin, 70 ans plus tard, à l'occasion de l'historique Exposition Universelle de Paris. Quelque soit le moment, on ne cesse jamais de patiner, surtout en Angleterre, ou à Londres en 1857 deux pistes très fréquentées sont ouvertes : celle de Covent Garden et celle de Strand. Le patinage est alors un sport d'élite, facteur culturel, phénomène social, passe-temps de la noblesse et de la haute bourgeoisie. Le portugais Silvestre Lacerda rapporte dans un livre de 1991 qu 'en France, en 1849, furent utilisés des patins pour l'Opéra "Le prophète" de Giacomo Meyerbeer, et dans le troisième acte d 'un ballet d 'un titre emblématique "les patineurs". De l'autre coté de l'océan, à New-York, l'américain James P. Plympton applique aux patins de Garcin de nombreuses modifications, parmi lesquelles, une, destinée à s'affirmer comme irremplaçable, le frein avant.
Silvestre Lacerda rapporte un recensement de 1910 effectué en Europe et qui fournit des résultats surprenants : 700 pistes, 10000 pratiquants assistés de 1000 instructeurs, 136000 paires de patins. La pratique étant diffusée et les patins uniformisés et optimisés, il ne reste qu'à organiser officiellement la discipline, donner vie aux clubs et associations et promouvoir les compétitions de haut niveau de vitesse et aussi de saut d'obstacles. Le prix des patins tend à diminuer constamment, transformant l'image d'une discipline élitiste et élargissant le cercle des passionnés du patinage. Quatrième Chapitre - LES RACINES PROFONDES DANS LE COMTE DE KENT
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